L’ATTENTE DES RÉSULTATS APRÈS UN PROTOCOLE PMA
La période d’attente des résultats après une FIV ou une insémination est souvent décrite comme l’étape la plus éprouvante du parcours PMA, émotionnellement.
Médicalement, « le job est fait ». Il ne reste qu’à attendre la prise de sang, qui a lieu entre 10 et 14 jours après, pour confirmer ou non la grossesse.
Entre espoirs et craintes, les jours semblent s’étirer et chaque symptôme peut devenir source d’interprétations et de doutes.
Pour éclairer ce moment délicat, j’ai recueilli les conseils de la Dr. Federica Moffa, directrice médicale de la clinique Fertilab à Barcelone, qui nous partage ici ses recommandations pour mieux vivre ces jours d’incertitude.
J’espère que cette interview vous sera utile. Si vous sentez que vous avez besoin d’aide pour mieux vivre cette étape délicate, contactez-moi !
L’attente des résultats : retranscription de l’interview
Que penser des symptômes, ou de l’absence de symptômes, pendant cette période d’attente ?(minute 0’05‘‘ de la video)
Dr Moffa :C’est une question très importante, parce que les patientes me demandent toujours : « qu’est-ce que je devrais ressentir ? ». En réalité, il n’y a pas de symptômes de grossesse ou de non-grossesse à ce stade. Il est tout à faire normal de n’avoir aucun symptôme, comme il est tout à fait possible d’en avoir.
Il ne faut pas vous inquiéter si vous avez des symptômes comme des douleurs de règles, ou même des petites pertes de sang – ces pertes peuvent être liées à la nidation, donc à l’implantation de l’embryon.
Et vous pouvez aussi être parfaitement tranquille si vous ne ressentez rien, car ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas enceinte !
Ma recommandation, c’est de ne pas faire de test de grossesse avant la date prévue par la clinique, et de simplement suivre les consignes de traitement. Et d’avoir un bon accompagnement émotionnel, bien sûr.
Est-ce qu’il y a des choses à faire, ou à ne pas faire, pour favoriser l’implantation ? (minute 1’21’’ de la vidéo)
Dr Moffa : On peut avoir une vie complètement normale, c’est très important de le savoir. Par exemple, il est inutile de rester allongée, ça ne va pas améliorer les probabilités de grossesse.
La nature est bien faite : un embryon va s’implanter dans l’utérus maternel s’il est en bonne santé et que l’utérus est réceptif – le fait de rester allongée sur un canapé ne va pas influencer sa capacité d’implantation.
Par ailleurs, il est important de suivre strictement les traitements recommandés par la clinique et d’éviter de prendre d’autres médicaments sans demander d’abord à votre médecin.
Et enfin évidemment, il faut avoir une vie la plus saine possible : ne pas fumer, ne pas boire d’alcool, avoir une bonne qualité de sommeil. Et rester « cool », si on peut dire.
Et alors justement, est-ce que le stress peut empêcher la nidation ? (minute 2’33’’ de la vidéo)
Dr Moffa : Non, on ne peut pas dire que le stress seul pourrait empêcher l’implantation d’un embryon ou diminuer les taux de réussite. On sait qu’il y a des femmes qui tombent enceintes, malheureusement, dans des situations dramatiques.
Mais là où il faut faire attention, c’est quand le stress commence à avoir des conséquences sur notre comportement : moins bien dormir, oublier peut-être le traitement, etc. Et dans ces cas-là oui, ça peut effectivement avoir un impact sur le résultat final – mais à cause des comportements liés au stress, pas à cause du stress lui-même. C’est pour ça que ça vaut le coup de travailler dessus.
Et surtout, la manière dont on vit ce processus est importante parce que le voyage peut être plus ou moins long, plus ou moins dur. Donc il faut garder un peu d’énergie pour soi-même, pour retenter par exemple au cas où ça ne marche pas. C’est important de se ménager, pour ne pas épuiser toute son énergie à chaque fois.
Et vous, Stéphanie, en tant que coach fertilité, comment aidez-vous les patient(e)s à mieux gérer le stress et cette période d’attente si compliquée ? (minute 3’43’’ de la vidéo)
Stéphanie Toulemonde : C’est vrai qu’émotionnellement, l’attente des résultats est vraiment la période la plus compliquée du protocole PMA, en tout cas c’est-ce que me disent la plupart des femmes que j’accompagne. Ces deux petites semaines sont très dures à vivre, émotionnellement, parce qu’elles sont pleines d’incertitudes.
Le conseil que je donne toujours, c’est de SE MAINTENIR OCCUPÉE, MAIS SANS S’ANESTHÉSIER.
Se maintenir occupée, c’est-à-dire essayer d’avoir une vie la plus normale possible puisque physiquement, il n’y a pas vraiment de contre-indication (à part peut-être sauter en parachute 😉). Et donc c’est important de se maintenir occupée :
– en continuant à travailler, si on a un travail pas trop stressant et pas trop physique,
– en continuant à voir des gens pour ne pas s’isoler,
– en planifiant à l’avance différentes activités : aller dîner avec des amis ou en couple, aller au cinéma, faire une balade, etc.
L’idée est de se maintenir occupée pour éviter les ruminations, toutes ces pensées récurrentes qui nous encombrent toute la journée. Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas y penser car je sais que c’est impossible, surtout pendant cette période d’attente (ne serait-ce que parce qu’on a souvent un traitement à suivre à la lettre avec les ovules de progestérone). Mais en tout cas, ça peut vraiment aider de circonscrire les moments où on y pense à certains moments de la journée, et maintenir son esprit occupé le reste du temps.
Et sans anesthésier ça veut dire sans se déconnecter complètement de ses émotions et de son corps, sans mettre des œillères sur ce que l’on est en train de vivre.
Ça passe par se dédier à soi-même un petit moment chaque jour, par exemple pour écrire ce que l’on ressent, pour se connecter avec ses émotions et avec ses pensées, et pour identifier les pensées qui sont de l’ordre de l’autosabotage et de la croyance limitante.
La peur et l’espoir sont tous les deux présents, il y a des moments où la peur est plus présente et d’autres moments où il y a plus d’espoir. Je pense que c’est important de s’autoriser à vivre ces deux émotions et de laisser la place à toutes les émotions en général. Ne pas s’anesthésier ça veut donc dire se laisser traverser par ces émotions et ne pas se couper complètement de ce que l’on ressent. Nier nos émotions et mettre un « couvercle » dessus ne les fait pas disparaître – elles ne font au contraire que grandir.
Ne pas s’anesthésier, ça veut dire aussi rester connecté avec son corps et ça passe par des étirements, des exercices de relaxation, une activité physique douce. Activer son corps, ça permet aussi de libérer physiquement la charge émotionnelle. Je conseille souvent aux femmes que j’accompagne d’aller marcher tous les jours un petit peu : c’est bon pour la circulation et c’est bon pour l’esprit 😊