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Passer par un don d’ovocytes pour concrétiser son rêve de maternité est une des décisions les plus difficiles à prendre.
C’est rarement un plan A, et toujours un processus chargé d’émotions. J’ai déjà abordé le sujet dans l’article « Accepter la maternité par don d’ovocytes », dans lequel vous trouverez quelques exercices pratiques pour cheminer plus sereinement vers le don d’ovocytes. (lien vers l’article)
Aujourd’hui, je voulais aborder encore une fois le sujet, au travers des deux grands questionnements qui reviennent de manière récurrente lorsqu’on parle de don d’ovocytes :
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le deuil génétique
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et l’épigénétique.
Le deuil génétique
Pourquoi parler de deuil génétique ?
Le mot peut paraître fort, mais c’est une réalité : le don d’ovocytes est une formidable opportunité pour de nombreux couples et femmes d’accéder à la parentalité et en cela, c’est une grande source d’espoir. Mais lorsqu’une femme envisage le recours au don d’ovocytes, elle peut également ressentir un sentiment de perte lié à l’absence de lien biologique avec l’enfant à naître. Elle doit alors passer par un processus de deuil et de renoncement : deuil de sa fertilité, d’une certaine vision de la famille, de son patrimoine génétique, de son « mini-moi ».
Ce deuil peut être exacerbé par la société et les normes culturelles qui valorisent, parfois de manière inconsciente, la filiation biologique (combien de fois entend-on un proche s’exclamer « qu’est-ce qu’il ressemble à son père » !!).
Dans de nombreux cas, ce deuil « génétique » fait également écho à d’autres deuils antérieurs : je pense bien sûr aux femmes ayant vécu des fausses-couches, mais également à celles qui ont fait plusieurs cycles de FIV ou d’inséminations s’étant soldées par un échec – car chaque tentative porte en elle l’espoir, et chaque résultat négatif est un deuil de plus à vivre. Le don d’ovocytes est bien souvent envisagé après plusieurs cycles infructueux de FIV, qui nous ont déjà « abîmées » émotionnellement.
La courbe de deuil : les différentes étapes
Comme dans tout processus de deuil, la charge émotionnelle est intense et il y a une série d’étapes à passer (voir courbe de deuil ci-joint) :
- D’abord le choc et la négation : ce n’est pas possible, ça ne peut pas m’arriver à moi
- Puis la colère : pourquoi est-ce que ça m’arrive à moi ? ce n’est pas juste !
- La peur : qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? et si je n’y arrive jamais ?
- Ces émotions laissent finalement la place à la tristesse, étape obligée pour aller ensuite vers l’acceptation, la recherche de sens et enfin la sérénité et la reconstruction.
![Courbe de deuil 2](https://www.stephanietoulemonde.com/wp-content/uploads/2024/03/Courbe-de-deuil-2-e1710178013357.jpg)
Évidemment, dans la pratique nous sommes toutes différentes et certaines femmes passeront plus ou moins vite sur telle phase ou telle émotion. Mais si vous les ressentez, sachez que chacune de ces émotions est NORMALE et qu’elles sont toutes nécessaires au processus de deuil. Acceptez-les, autorisez-vous à les vivre, sans vous juger et surtout sans culpabiliser.
Conseils pratiques pour avancer
🤝 Le soutien émotionnel d’un professionnel spécialisé en fertilité (psychologue, coach) peut vous aider à explorer ces émotions, à faire face au deuil génétique et à trouver des moyens de créer des liens affectifs avec l’enfant à venir.
🕐 Faites également confiance au temps : l’acceptation du don d’ovocytes ne se fera pas du jour au lendemain, mais petit à petit, au fur et à mesure que vous avancez dans le protocole puis pendant les 9 mois de grossesse pendant lesquels vous allez créer un lien unique avec votre bébé.
❤️ Concentrez-vous enfin sur les aspects non biologiques de la parentalité : l’amour ; la transmission de vos valeurs, de votre vision de la vie ; l’éducation que vous offrirez à votre futur enfant. N’oubliez pas que la ressemblance va bien au-delà de la génétique et passe tout autant par des attitudes, des tons de voix, une manière de bouger ou de sourire.
On parle alors d’épigénétique – et c’est un facteur essentiel à prendre en compte pour avancer dans ce deuil génétique.
L’épigénétique
L’épigénétique : qu’est-ce que c’est ?
Pour répondre à cette question, j’ai fait appel au Dre Elena Santiago Romero, gynécologue et experte en PMA de la clinique espagnole Vida Fertility. « L’épigénétique est une branche de la génétique qui se concentre sur les changements héréditaires dans l’expression des gènes, qui n’impliquent pas de modifications dans la séquence de l’ADN, nous explique Elena. Contrairement à la génétique, qui s’intéresse à l’information codée dans nos gènes, l’épigénétique se concentre sur la manière dont les facteurs liés à l’environnement et au mode de vie peuvent influencer la façon dont les gènes sont « activés » ou « désactivés », ce qui peut avoir un impact majeur sur la santé et le développement d’un individu. »
L’épigénétique est donc influencée par un large éventail de facteurs, dont l’alimentation, le stress, l’exposition aux toxines environnementales, l’activité physique, etc. Ces facteurs peuvent activer ou désactiver des gènes et influencer ainsi le développement et la santé.
Pourquoi l’épigénétique est-elle si importante lorsqu’on fait une FIV D.O. ou un double don ?
Dans le cas du don d’ovocytes ou du double don, l’épigénétique joue un rôle clé. Même si le matériel génétique provient d’une donneuse, les études suggèrent que l’environnement dans l’utérus de la mère peut affecter la régulation des gènes du fœtus. Les nutriments apportés par la mère et son environnement peuvent influencer l’épigénétique du bébé. « On peut dire qu’il y a une « empreinte » de l’échange entre la mère et le bébé », précise le Dre Santiago.
Ces changements épigénétiques peuvent affecter la santé et le développement du bébé tout au long de sa vie. Sur la question du physique, l’épigénétique peut influencer des aspects tels que la croissance et le développement du bébé, mais il est important de se rappeler que ces changements sont subtils et que la génétique reste un facteur important.
En conclusion, l’épigénétique est un domaine d’étude fascinant qui nous éclaire sur la manière dont les facteurs environnementaux influencent notre santé et notre développement. Dans le domaine de la PMA, nous savons que l’épigénétique joue un rôle fondamental dans la formation et la santé des bébés.
Si l’on ajoute à l’épigénétique tous les éléments liés à l’éducation et le vécu personnel de chaque enfant et de chaque famille, on se rend compte que la filiation biologique a un impact finalement assez limité sur la personne que deviendra votre enfant.
Personnellement, j’aime résumer cela de cette manière : un même embryon ne donnera pas le même enfant selon qu’on le transfère dans l’utérus d’une femme A ou B, et qu’il grandit dans une famille A ou B.
Vous avez des questions sur l’épigénétique ?
L’épigénétique suscite beaucoup de doutes et de questions chez les patients, en particulier ceux qui ont besoin d’un don d’ovocytes. C’est tout à fait normal et compréhensible et es professionnels de la santé sont là pour répondre à toutes vos questions : pour plus d’informations sur les liens entre l’épigénétique et la procréation assistée, vous pouvez contacter Elena et l’équipe de Vida Fertility.
Vous ressentez le besoin de vous faire aider pour avancer sur ce chemin de l’acceptation du don d’ovocytes ?
Depuis 2017 j’ai accompagné des centaines de femmes dans leur parcours PMA – et en particulier dans leur réflexion sur le don d’ovocytes. N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec moi pour un premier appel sans engagement. Cela nous permettra de nous connaître, de répondre à vos questions, d’identifier vos besoins et éventuellement de planifier votre accompagnement.